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La lutte des classes chez les corsaires

2 participants

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1La lutte des classes chez les corsaires Empty La lutte des classes chez les corsaires Lun 20 Aoû 2012 - 14:45

Patrice

Patrice
Admin

L'excellent livre « La course malouine au temps de Louis XIV » du professeur André Lespagnol aborde des sujets souvent négligés... notamment celle des salaires.

L'équipage avait droit à une part sur les prises. Mais il touchait une somme fixe à l'embarquement, pour 3 ou 4 mois de campagne ; cette somme était ensuite déduite des parts de gain éventuel.

Aux moments où la guerre fait rage, les armateurs cherchent des marins à tout prix et dans les années 1690 les avances passent d'une soixantaine de livres à parfois plus de 200 livres. Pour limiter cela, une Ordonnance de 1693 fixe le montant maximum de l'avance à 60 livres, dont les 2/3 au départ, le dernier 1/3 au retour ; les armateurs en sont contents ...mais continuent quand même à payer plus cher.

Le livre cite des rapports d'époque : le riche armateur Danycan « a un art particulier pour engager du monde : il leur donne plus d'argent ». Du coup, les équipages « n'ont pas plus tôt reçu 50, 60 et 80 écus d'avance qu'après avoir fait une course de trois semaines ou un mois ils croient en être quitte et rien ne peut les empêcher de déserter à la première relâche, s'ils demeurent en mer ils cherchent des querelles (...) à leurs officiers pour rompre leur voyage ».

Oh, ce n'est pas des vraies mutineries comme sur le Bounty, ce sont plutôt des grèves ou des menaces de grève : « l'équipage refusa de lui obéir et le capitaine ne se sentit pas assez de résolution pour se faire obéir de force ».

La raison est simple : les équipages ne veulent pas perdre leur temps et risquer leur peau pour ne rien gagner en plus de leur avance ; ainsi, deux contremaîtres dirigent une mutinerie car ils « ont reçu chacun 60 écus et n'espèrent plus rien car il faudrait qu'ils fassent pour 100.000 écus de prise (...) et ne veulent point se battre, comptant pour certain que ce serait pour leur bourgeois et non pour eux ».

Tout ça n'empêche pas les mêmes équipages de se battre avec acharnement quand ils sont motivés...


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« Il vaut mieux faire face à ce qui est derrière nous, que tourner le dos à ce qui est devant ! » (capitaine Huchehault)
« Kaoc'h Korr kac'het gant Korred ar Moria ! » ("Crotte de Nain ch... par les Nains de la Moria !")
http://www.argad-bzh.fr/argad/

malo du Kern

malo du Kern

Bonsoir Patrice,
Patrice a écrit:
..... les équipages [i]« n'ont pas plus tôt reçu 50, 60 et 80 écus d'avance qu'après avoir fait une course de trois semaines ou un mois ils croient en être quitte et rien ne peut les empêcher de déserter à la première relâche,

Je comprends pourquoi un capitaine corsaire ne débarqua pas son équipage avant d'obtenir une prise.
Dans le livre "Fricambault, une famille nivernaise dans la marine Louis XIII et Louis XIV", Pierre de Certaines de Fricambault capitaine de vaisseau ( en disgrace après avoir participé à la Fronde des Princes du coté de Bordeaux) cherche à refaire sa réputation par la course. En 1653, il arme un brigantin "le faucon" de 100 tx à St Malo en complétant celui ci auprès de Mathieu Carbec. Muni d'une lettre de représaille contre l'anglois, il embarque son équipage en fevrier 1653 ( cf. p 260).
Heureusement qu'alors la flotte du ponant était en triste état, le recrutement n'était pas contraint par la priorité accordée aux navires du roi.


Tout ça n'empêche pas les mêmes équipages de se battre avec acharnement
Pourtant Pierre de Certaines dut négocier avec les officiers de port la poudre, les boulets et les canons que le roi cédait à ces corsaires.

quand ils sont motivés...

Bien que la France ne soit pas en guerre contre L'Angleterre, Pierre de Certaines put obtenir en 1653 une lettre de représaille contre L'Angleterre. Il ne put obtenir une lettre de course officielle. Il put obtenir une lettre de représaille contre L'Angleterre suite à la confiscation des 6 navires de Menillet par l'amiral anglais Robert Blake dans le Pas de calais en Aout 1652



Dernière édition par malo du Kern le Mer 29 Aoû 2012 - 11:37, édité 2 fois

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Patrice

Patrice
Admin

malo du Kern a écrit: Pourtant Pierre de Certaines dut négocier avec les officiers de port la poudre, les boulets et les canons que le roi cédait à ces corsaires.
Tout se négocie... Laughing

Dans ce livre, le Pr. Lespagnol indique qu'il y avait non seulement des armements privés, mais aussi des armements mixtes (comme on dirait aujourd'hui, public+privé) où le Roi prêtait les bateaux et les marchands amenaient l'argent nécessaire à les armer.

L'expédition de Rio par Duguay-Trouin, dont on a parlé dans un autre post, avait donné lieu à la création d'une société commerciale rien que pour ça, où les parts principales coûtaient 50.000 livres ! Danycan lui-même versa 100.000 £. Et la rançon ...de la gloire... fut que ça leur fut très rentable What a Face

malo du Kern a écrit:NB : Bien que la France ne soit pas en guerre contre L'Angleterre, Pierre de Certaines put obtenir une lettre de course officielle. Il put obtenir une lettre de représaille contre L'Angleterre suite à la confiscation des 6 navires de Menillet par l'amiral anglais Robert Blake dans le Pas de calais en Aout 1652
Oui les lettres de course c'était pas forcément très ...logique.
Je crois que le Duché de Courlande (en Lettonie !) qui avait possédé l'île de Tobago aux Caraïbes quelques années au XVIIe siècle, continuait à en nommer un gouverneur qui pouvait vendre des lettres de course, jusqu'à la fin du XVIIIe alors qu'ils n'avaient plus rien sur place depuis longtemps. Laughing


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malo du Kern

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Bonjour Patrice,
Je viens corriger une coquille dans mon NB.

NB : Bien que la France ne soit pas en guerre contre L'Angleterre, Pierre de Certaines put obtenir en 1653 une lettre de représaille contre L'Angleterre. Il ne put obtenir une lettre de course officielle. Il put obtenir une lettre de représaille contre L'Angleterre suite à la confiscation des 6 navires de Menillet par l'amiral anglais Robert Blake dans le Pas de calais en Aout 1652
Je voulais vous montrer la distinction entre ces 2 types de lettre de course.
Cela montre aussi la guerre commerciale qui existait malgré une paix toute relative.
Cela montre aussi l'importance des prises pour la Royale Navy.

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